Un Terrien sur huit souffre de la faim, mais le tiers de la nourriture produite finit à la poubelle. Paysan, gérant de supermarché, consommateur, chaque acteur est concerné. Décryptage d’un grand gachis.
Chaque année, un français jette 20 kg de victuailles.
- Sur les 79 kg de déchets alimentaires produits par un habitant, 59 sont inévitables (os, épluchures…). Mais les autres auraient pu être mangés. Cette perte a été chiffrée : pour un foyer de quatre personnes, elle équivaut à un budget de 400 euros par an.
Une gabegie qui coûte à l’environnementÂ
Littres d’eau perdus, surfaces cultivées pour rien, pesticides utilisés en pure perte, récoltes acheminées en vain, déchets à traiter… Le gaspillage a un impact carbone indirect.
Dans l’hexagone, la faute n’incombe pas aux seuls foyers
- Producteurs et industrie alimentaire : 143 150 tonnes par an
Standardisation La distribution exige des fruits et légumes « parfaits » en terme de calibrage et d’esthétique, ce qui conduit les agriculteurs à écarter jusqu’à parfois 20% de leur récolte.
Surproduction Les industriels sont poussés à produire en grosse quantité par les grandes surfaces, qui les pénalisent en cas de livraison partielle mais retournent les produits restés trop longtemps en rayon.
- Restauration : 1 080 000
Réglementaiton stricte Chaîne du froid oblige, les plats sortis du frigo qui n’ont pas trouvé preneur partent à la poubelle. Les stocks ne sont pas assez optimisés en fonction de la demande.
Assiettes trop pleines Si le client des cantines et des restaurants ne finit pas toujours son plat, c’est parce que la quantité laisse à désire, où parce que les portions servies sont trop importantes.
- Grande distribution, épicerie et marchés : 1 150 000 tonnes par an
Etals trop fournis Une mauvaise estimation de la demande provoque des milliers de tonnes d’invendus, essantiellement dans les rayons produits frais.
Normes draconiennes Les produits non conformes ou ceux qui s’approchent de la date de péremption sont jetés.
- Consommateurs : 1 200 000 tonnes
Marketing incitaitif Les conditionnements trop gros, les promotions du type « deux pour le prix d’un » et la très grande diversité de produits disponibles poussent à remplir le chariot au delà des besoins.
Etiquettes ambiguës On confond souvent « à consommer jusqu’au » et « à consommer de préférence ».
Riche ou pauvre, chaque pays gâche à sa façon
Pays industrialisés : 670 millions de tonnes La majorité des pertes a lieu en aval, c’est-à -dire dans la distribution, la restauration et surtout la maison : le consommateur produit entre 95 et 115 kilos de déchets par an.
Pays en développement : 630 millions de tonnes La majorité des pertes a lieu en amont, c’est-à -ire pendant la récolte, le transport et le stockage. Le consommateur, lui, ne gâche « que » de 6 à 11 kilos de déchets par an.
L’europe peut mieux faire
Surprise : dans l’UE, où chacun gaspille en moyenne 45 kg de nourriture comestible par an, la France s’en sort bien.
Royaume-Uni : 85 kg par personne
France : 20 kg par personne
Danemark : 63 kg par personne
Pour lutter contre ce fléau, les initiatives se multiplient
- USA
Taxer les clients qui ne finissent pas leurs assiettesÂ
L’objectif est d’apprendre à évaluer correctement son appétit. Une technique dissuasive adoptée par des cantines asiatiques à travers le monde.
- Royaume-Uni
Créer des emballages intelligents
La chaîne Mark&Spencer expérimente des barquettes qui permettent de maintenir les produits maraîchers deux jours de plus au frigo.
- France
Equiper la cuisine d’un logiciel Antigaspi
Transformer les déchets alimentaires en énergie
Un usine permet de fournir 150 familles en électricité et 90 en chaffage.
- Japon
Nourrir les animaux avec nos restes
Des milliers de boulettes de riz, sandwiches et bouteilles de lait sont transformés en mélasse et farine pour des élevages de poulets ou de porcs.
Source : Geo