Wild West Washington

 » Le futur au naturel  » avec cette devise sous le bras, venez vous mettre au vert à l’ouest de l’État de Washington, un territoire haut perché avec vue sur le Pacifique.

La confusion géographique est au voyage ce que la faute diplomatique est aux relations internationales, un très mauvais moment à passer. Mieux vaut prendre ses précautions. Il ne faut pas confondre l’État de Washington, situé au nord-ouest du Pacifique, avec Washington DC, capitale fédérale du pays qui abrite la Maison Blanche. Plus près à vol d’oiseau de l’île de Vancouver que de son déroutant homonyme, l’État de Washington cultive sa nature généreuse et oeuvre au quotidien dans le sens du développement durable. Son surnom d’Evergreen State ne doit rien au hasard et devrait ravir les voyageurs en quête de «  wilderness « . D’ailleurs, Hollywood ne s’y est pas trompé en posant le décor de ses superproductions au coeur de ce territoire riche de 120 parcs et 4 830 kilomètres de côte. Twin Peaks, Twilight et Into the Wild entre autres y ont été tournés.

Jours verts à Seattle

Il y a quelque chose de suspect dans l’air ambiant. Un décalage entre le son et l’image. Ce que nous voyons, c’est une ville moderne, dynamique, portuaire, habitée par plus de 600 000 Américains.

Ce que nous entendons, c’est un léger murmure bien accordé, comme si quelqu’un avait volontairement baissé le volume pour laisser la ville respirer. Sensation étrange mais pas désagréable. La  » cité émeraude » a fait de l’écologie sa seconde nature. Un savoir-être au monde qui s’inscrit au sommet des priorités politiques et individuelles.

Aujourd’hui exemplaire en terme d’urbanisation contrôlée, de transport au biodiesel, d’utilisation d’énergies renouvelables et de consommation de produits bios, Seattle et, plus largement, l’État de Washington, ne ménage pas ses efforts pour entretenir une certaine qualité de vie. Plusieurs fois élue Best Big Place to live in the US par le magazine américain Fortune, la ville qui a vu naître des géants, Bill Boeing, Bill Gates et Jimmy Hendrix, et des révolutions comme la musique grunge. C’est en effet sur les scènes locales que Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden ont commencé à jouer à la fin des années 198. Guitares à l’appui à l’Expérience Music Project, un complexe artistique et architectural qui propose de véritables expériences sensorielles sur fond d’histoire musicale.

Pour les plus cartésiens, il y a le Pike Place Market. Ce marché couvert créé en 1907 réunit des producteurs locaux qui vendent directement aux consommateurs.  » Du jardin à vous «  indique une banderole au-dessus d’un parterre de fruits et légumes ensoleillés ! Le spectacle, ce sont les vendeurs de poissons qui l’assurent avec des chorégraphies spectaculaires de lancers de crabes d’Alaska ou des ritournelles poussées à tue-tête pour distraire les clients. Pour le frisson céleste, il faut se hisser en haut des 185 mètres de Space Needle, une tour futuriste avec vue panoramique et restaurant giratoire pour admirer la ville à 360° tout en essayant de venir à bout d’un volumineux saumon grillé à l’absinthe.

Un volcan s’éveille, un paysage s’éteint

À l’époque, l’image avait fait le tour du monde. Un volcan décapité gisait au milieu d’un paysage de lune. Le mont Saint-Helens, dans la chaîne des Cascades, à moins de 160 kilomètres au sud de Seattle, est entré dans l’histoire le 18 mai 1980. Une erruption exceptionnelle a littérallement transformé le paysage en quelques secondes, provoquant le plus grand glissement de terrain connu à ce jour et fit s’effondrer la face nord du stato-volcan. Dans un rayon de plus de 30 kilomètres la destruction fut presque totale, causant la mort de 57 personnes tout en détruisant 250 maisons, 47 ponts, 24 kilomètres de voies ferrées, 300 kilomètres de routes et plus de 500 kilomètres carrés de forêt.

Il aura fallu presque vingt ans, 18 millions d’arbres replantés et 400 employés pour redonner son apect originel à cet endroit unique. Depuis le Johnston Ridge Observatory, posé face au volcan, le guide ponctue sa présentation en brandissant la photo en noir et blanc de la montagne prise peu de temps après ce que tout le monde appelle « l’évènement ».  » Une manière de ne jamais oublier que l’homme demeure vulnérable face aux éléments «  précise Dick Ford, retraité de la direction du programme de replantation. L’ascension du volcan demeure pourtant une aventure réjouissante et les prétendants au sommet sont toujours aussi nombreux à venir.

L’olympe made in USA

 » Il est strictement interdit de sortir du sentier «  articule Lisbeth, notre guide naturaliste, comme pour prévenir nos audaces toutes françaises. Pas un pas de côté sur ce petit sentier qui serpente discrètement les exhubérances de la forêt primaire de Hoh aux allures de jungle tropicale, la chaleur en moins. Ces milieux sont devenus si rares dans la monde  qu’il faut en préserver chaque millimètre carré. Nous obtempérons. La pluie aussi. Il pleut en moyenne 3,6 mètres d’eau par an, une aubaine pour ces arbres centenaires recouverts de lichens, mousses et fougères.

Épinettes de Sitka, pins d’Oregon, érables à grandes feuilles, le plus haut dépasse les 95 mètres, le plus vieux 600 ans et le plus large comptabilise sept mètres de diamètre. Dans ce désordre végétal préservé évolue en toute quiétude une cinquantaine d’espèces animales parmi lesquelles un troupeau de 5 000 wapitis de Roosevelt, appelés aussi élans d’Amérique.

Impossible de quitter les lieux sans ingurgiter l’un de ces mollusques joyeusement arrosé de vin blanc Chardonnay produit dans le Wine Country, une région du sud-est située à la même latitude que la France. Tout s’explique. Dans l’exiguïté du North Lighthouse, près de Deception Point, nous expérimentons le vertige de ce bout monde, là précisément où le continent et l’océan s’affrontent dans un déluge de beauté.

Source : A/R magazine voyageur

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