Sous le sable, des momies de 2 500 ans

« La mer de la mort » : c’est ainsi que l’on surnomme l’immense désert du Takia-Makan, dans l’Extrême-Ouest de la Chine. Là, se trouve Djoumboulak Koum, une cité du premier millénaire avant J-C, ensevelie sous les dunes et révélée il y a dix-huit ans. À deux pas de la ville, une mission archéologique franco-chinoise, menée par Corinne Debaine Francfort et Idriss Abdouressoul, a fait en 2001 une découverte peu banale : cinq tombes refermant chacune une momie, parfaitement conservée. Les reliques ont été transportées à l’institut d’archéologie d’Urumqi, la capitale régionale. Grâce à elles, les archéologues peuvent examiner de vrais individus de l’âge de fer : une première ! Sous l’assaut des pinceaux et des scalpels, les momies ont depuis livré peu à peu leurs secrets. Elles sont âgées de 2 500 ans. eurs traits « europoïdes » suggèrent un metissage millénaire, ce qui contredit la thèse, défendue par l’actuel État, d’un Empire chinois isolé, n’entamant des contacts avec l’Occident que 500 ans avant J.C. Accompagnés d’offrandes funéraires, les corps sont parés d’étoffes colorées, tuniques, pantalons, bottes et chapeaux, brodés avec raffinement et ornés de perles ou de fourrure de loup. Sous le suaire rouge qui couvre leur visage, la peau révèle des arabesques et des motifs géométriques : les momies sont tatouées et peintes.

Pour ne pas abîmer les dépouilles, les scientifiques les ont examinées au scanner. Ainsi ont-ils découvert la présence d’organes, mais aucune trace de techniques d’embaumement. La momification aurait été naturelle. Avec ses momies, le Takla-Makan est probablement l’archétype du laboratoire à ciel ouvert. Car ici, pas besoin de fouilles : les tombes affleuraient à même le sol, dégagées à la faveur d’une tempête de sable. Une situation idéale d’observation, comme seuls les deserts en offrent à la recherche.

Source : Geo Voyage