Pierre Rahbi: la solidarité au coeur de l’existence

Agriculteur, philosophe, écrivain, conteur, militant… La frêle silhouette de Pierre Rahbi cache un géant de la pensée humaniste, un homme qui avait percé, il y a cinquante ans, les mécanismes de la crise écologique et sociale actuelle. Et qui n’a eu de cesse, par son exemple, de proposer des solutions concrètes.

Du déracinement au libre enracinement

Pierre Rahbi base ses théories sur sa propre expérience. Orphelin de mère à 4 ans, il est envoyé chez une famille française à Oran. Un déracinement dans lequel s’entrechoquent islam et christianisme, traditions et modernité. Autodidacte, Pierre Rahbi décide de comprendre le monde qui l’entoure, seul.

En 1958, alors que la guerre fait rage en Algérie, Pierre émigre vers Paris « dans une solitude totale ». Là-bas, il se fait engager dans une usine de la région parisienne dont il rejette le système qu’il juge « aliénant pour l’humain ». C’est aussi là qu’il rencontre sa femme Michèle avec qui il va mettre en place le projet « Retour à la terre » en 1968.

Les cévènes

Pendant 15 ans, Pierre tente de convaincre les banques de lui faire un prêt afin d’acquérir une ferme ouverte aux quatres vents. Il y vit sans électricité et met en place une agriculture biologique acceuillant tous ceux qui le souhaitent dès 1968.  Il donne un nouveau souffle à son travail lorsqu’il décide de l’utiliser au profit d’agriculteurs pauvres du Burkina Faso. Il relate son aventure dans L’Offrande au crépuscule paru en 2001 (éditions L’Harmattan).

Appel à l’insurrection des consciences

Après avoir écrit plusieurs livres, des amis de Pierre Rahbi le poussent à s’intéresser à la politique. 184 élus adhèrent à son projet: placer l’écologie et l’humanisme au coeur de l’action et de la pensée.

Pour une spiritualité concrète

Pierre Rahbi a construit sa spiritualité au contact des gens et de ses convictions profondes. Il veut partager le fait que notre planète va mal puisque ses habitants sont en crise et qu’à force, l’humanité se condamne un peu plus chaque jour. Nous devons faire plus attention aux ressources auxquelles nous avons accès.

Son dernier ouvrage, Vers une sobriété heureuse, paru en 2010 chez Actes Sud, propose la modération comme solution. Certains y voient de la naïveté, d’autre un fabuleux outil de subversion face à la surconsommation. Sa pensée a fait des petits et crée des initiatives. « Bien que n’appartenant plus à aucune religion, je me suis aperçu que la sobriété heureuse relève résolument du domaine mystique et spirituel. Celui-ci, par le dépouillement intérieur qu’il induit, devient un espace de liberté.

Esprit Yoga, n°10