Medjumbe, la belle africaine

L’avion survole l’archipel des Quirimbas situé au large de la côte septentrionale du Mozambique. À seulement 5 000 mètres d’altitude, les méandres de l’océan Indien dévoilent sans retenue des paysages dont la beauté est à peine soutenable. Des îlots coralliens émergent des abysses, accompagnés de sillons éclatants allant du bleu céruléen au rose pâle. Medjumbe apparaît enfin, à l’image d’un filament. Le pilote annonce notre descente…

Au fur et à mesure de notre approche, une langue de sable blanc se dessine dans un écrin turquoise. Seules les palmes séchées des toits du Medjumbe Island resort et les feuilles brillantes des badamiers se détachent de cette étendue viginale. L’île de Medjumbe s’étire sur un kilomètre pour 300 mètres de largeur… Une surface modeste certes, comparée à l’immensité du lagon, mais propice aux promenades aux perspectives insoupçonnées. L’aurore et le crépuscule sont évidemment des moments privilégiés pour s’émerveiller de lumières, reflets et d’ambiances captivants. Et lorsque le vent se lève, lorsque les cumulus montent comme un feu de cheminée, un ciel menaçant assombrit soudain l’océan, transforme l’horizon en un épais trait de khôl et chasse au loin les oiseaux.
Ce tableau est terriblement romantique. L’orage est passé si vite. La pluie tombe bien trop rarement d’après les locaux. C’est à croire en tout cas que ces caprices météorologiques ne sont que finalement un pretexte à des sensations fortes. Un véritable festival pour les photographes !
La balade est sublime… d’un côté la féerie de cette eau cristalline taquinée par les voiles délavées de vieux boutres, de l’autre ce sable immaculé, grignoté par endroit par des branches tortueuses qui se rejoingnent en improvisant des pergolas sous lesquelles l’ombre est fort appréciable. Des tisserins s’y posent et chantent allègrement. Quelques acacias frisent ça et là pour rappeler que nous sommes bien en Afrique. Des souches argentées luisent au soleil. Des milliers de coquillages gisent sur le sol, aussi précieux que des pépites d’or sorties d’une rivière. La ruée vers l’exotisme en somme ! Quelques roches patinés par l’érosion et disposés en cercle profitent de la marée basse pour créer de superbes piscines naturelles. S’y glisser est un plaisir sans fin.
Des dizaines d’aigrettes blanches et noires ont investi un petit terre minéral à l’ouest de l’îl. Gonflées par le vent, elles imitent les Shadoks à la perfection !
Enfin, le phare, fier étendard de Medjumbe, perce le ciel. Souvenir de la colonisation portuguaise, bâti dans les années 70 et restauré par les propriétaires du lodge, il transcende de sa hauteur horizontales. L’ascencion est tentante mais l’accès est encore interdit. Ce n’est qu’une question de temps.

La baignade, le snorkeling, la plongée, sont les attractions vedettes de l’île. Avec une eau à 30 degrés, ne nous faisons pas prier ! De plus, Medjumbe offre un écosystème marin particulièrement riche. Elle compte une douzaine de sites environnants exceptionnels dont certains sont accessibles à tous les niveaux de plongée. La visibilité peut atteindre 40 mètres et ne descend jamais au-dessous de 10 mètres. Certains plongeurs viennent parfois expressément sonder les fonds medjumbéens en quête du célèbre coelacanthe. Ce poisson préhistorique que l’on croyait disparu depuis 70 millions d’anées, se manifeste à nouveau dans les eaux du canal du Mozambique. Le dernier recensement fait état de plus de cinq cent individus dans la zone.
Le récif, relativement loin du rivage, balayé par une vague opaline extraordinaire, est un lieu providentiel pour la plongée avec masque et tuba. Les bouquets de coraux rivalisent de couleurs.
Les espèces et le nombre des poissons y évoluant sont aussi importants, voire plus, qu’aux Maldives. Napoléons et barracudas patrouillent avec une nonchalance désarmante. Rencontrer une tortue luth, la plus grande des espèces de tortues marines, est chose courante. Magique ! À certaines époques de l’année, des tortues caouanne et des tortues vertes débarquent sur la plage pour pondre leurs oeufs, au seuil des bungalows.
En surface, les dauphins s’agitent en sautant en bancs. Ils escortent volontiers le bateau du lodge lors des parties de pêche au gros ou durant les croisières au coucher du soleil. Les journées se suivent et ne se ressemblent pas… Traversée du lagon en kayak, en planche à voile, à la nage, sans oublier quelques longueurs dans la piscine du lodge et le farniente !

L’architecture du bâtiment principal n’est autre que l’incarnation du fantasme de Robinson… Une grande cabane où s’entrecroisent planches, poutres et troncs, ouvertes à 180 degrés sur l’océan Indien. Si comme le veut la tradition, la porte d’entrée est plus lourde et plus majestueuse que celle d’un palais, elle est au contraire un symbole d’ouverture et d’hospitalité. D’ailleurs, l’acceuil est chaleureux. Six hommes vêtus d’une longue robe blanche nous souhaite la bienvenue. L’antichambre de Saint Pierre ne saurait être plus bienveillante ! Un cocktail nous attend au bar, un lieu d’inspiration marocaine avec ses murs en tadelakt, ses moucharabiehs en guise de fausses fenêtres et ses objets colorés en céramique. Le mobilier est tout sauf homogène… En bois noble, en osier, en rotin, en velours ou en toile, les chaise, fauteuils et sofas semblent avoir été sauvés d’un naufrage pour offrir au cadre plus d’authenticité. Quelques filets de pêche décoratifs tendus de façon anarchique achèvent de nous transporter sur le pont d’une ancienne caravelle portugaise. En mezzanine, des coffres aux trésors servent de tables basses. Mais c’est la vue qui est un trésor une fois perchés dans ce nid d’aigle, les yeux sont hypnotisés et les bouches se taisent.
Les tables du restaurant sont dressées tantôt à l’intérieur du vaisseau, tantôt autour de la piscine, en particulier le soir. Des nappes de lin blanc et quelques bougies suffisent à sortir le grand jeu ! Au menu, les poissons et fruits de mer sont au coeur des préparations sophistiquées. La gastronomie ne connaît pas les frontières.

Treize bungalows scandent la plage, se fondant dans un essaim végétal foisonnant, avivé par les fleurs roses des bougainvilliers. Sur la terrasse en teck, face au lagon, notre jacuzzi cède à l’effervescence ambiante… Comment ne pas être enthousiaste devant un tel panorama ? Et comme si toutes nos attentes devaient être comblées, une massothérapeute surgit de nulle part et installe une table de massage à l’ombre d’un palmier. Un parfum d’ylang-ylang apaise tout autant qu’il dépayse. Une sieste s’inscrit logiquement au programme alors que le soleil donne de plus en plus fort. La chambre, avec son parquet acajou, ses tapis orientaux, ses meubles swahilis, ses lanternes ajourées, son lit à baldaquin et se coussins soyeux à pompons, envoie un message clair : le sommeil est… précieux !

« Medjumbe » sonne comme un tam-tam africain, telle une régulière et douce pulsation faisant écho aux rythmes de la nature… au soleil, aux marrées et au chant des rousserolles. Le hamac dans lequel se bercer, a remplacé le balancier des horloges. Nous avions rendez-vous avec la sérénité…

Source : Océan Indien Magazine 

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