Maurice en mode sport : kayak

Le b.a-ba

Une camionnette bleu pastel tirant une dizaine de kayaks se gare devant une petite plage de Pointe aux Sables. C’est celle de Patrick Haberland. Depuis l’an 2000, cet ancien coureur cycliste s’est reconverti dans les sorties « aventure » en kayak, sillonant les lagons. Il propose également des circuits VTT et des randonnées pédestres. Yemaya Adventures, le nom de sa société, lui a été inspiré par la déesse africaine de l’océan. Tout un programme ! Fervent défenseur de l’environnement, Patrick essaie lors de chaque sortie de sensibiliser les mentalités et d’expliquer le role essentiel des plantes locales sur l’ecosystème. Techniquement à la pointe de son art, Patrick revient tout juste de Jersey où il a suivi une formation de perfectionnement enkayak pour maîtriser le sauvetage et l’escamotage. Avant de s’élancer en mer avec ses clients, il commence toujours par donner quelques explications… Comment tenir la pagaie, quels sont les bons gestes pour avancer, comment tourner, comment se positionner dans le kayak et quels sont les signaux de communication à distance.

Les grandes manoeuvres

Il existe trois niveaux (star 1, star 2 et star 3), qui déterminent la capacité de chacun à suivre telle ou telle sortie en mer, certaines promenades étant plus techniques que d’autres. Aujourd’hui, le niveau 2 est requis pour longer les falaises de la côte ouest allant de Pointe aux Sables au Phare d’Albion. Notre groupe quitte le rivage, affrontant quelques vagues pour sortir du lagon et suivre les parois rocheuses à l’abri du vent. Entrer dans les grottes où certains n’hésitent pas à s’engouffrer, demande une certaine maîtrise de l’embarcation. Le kayakeur doit toujours avoir un oeil sur la joule et doit être en mesure de se retirer rapidement à l’approche d’une vague menaçante. Ainsi, c’est en marche arrière qu’il faut s’introduire dans cette faille minérale pour tenir tête à l’océan. Quelques coups de pagaies énergiques nous aident à poursuivre notre périple en saluant au passage quelques pêcheurs à la ligne postés sur les roches couleur charbon. Du haut des falaises d’Albion, le phare rouge et blanc s’étire comme s’il voulait toucher le ciel. Après avoir visité plusieurs cavités, nous rebroussons chemin pour revenir au point de départ. Un café et une part de gâteau ne seront pas de refus !

Une balade à fleur d’eau

L’île d’Ambre est la destination favorite de Patrick Haberland, « Lildam » pour les intimes. Quatre cent mètres seulement séparent la côte nord de l’île Maurice de cet autre paradis. Au départ de Saint Antoine, les kayaks se suivent en file indienne. Bien vite se dessine la silhouette de ce petit caillou de 147 hectares, saturé de verdure. Nous pénétrons alors la ceinture de mangrove. Nous osons à peine silence quasi monastique. L’eau cristalline laisse voir ne kyrielle de petits poissons lune, de poissons cochers et de dominos grouiller autour des patates de corail-cerveau.

Les kayaks se faufilent dans le labyrinthe des racines de  palétuviers. La vie sous-marine s’active plus que jamais sous nos embarcations. Nous comprenons désormais pourquoi l’île d’Ambre est considérée comme l’Amazonie de l’océan Indien !

Un pied à terre

Nous faisons enfin escale sur l’île où nous avons rendez-vous avec l’histoire. Les récifs de l’île d’Ambre furent en effet à l’origine du naufrage du Saint-Guéran, en 1744, évènement qui inspira le roman de Bernardin de Saint-Pierre Paul et Virginie. Un obélisque commémore ce naufrage. L’épave ne fut retrouvée qu’en mars 1996, par le plus grand des hasard. Afin d’éviter d’autres tragédies, le gouverneur de l’île de france de l’époque avait envoyé une famille et des esclaves habiter sur l’île pour y planter des cocotiers visibles depuis la mer. Ils y ont cultivé du manioc, des légumes, la canne à sucre, exploité du sel et coupé en masse du bois de menuiserie. Malgré cela, l’araucaria et le tecoma font toujours partie du paysage. Lildam est d’ailleurs un vivier d’espèces végétales endémiues parmi lesquelles figurent le bois matelot , le bois de pipe, le bois d’olive et la latanier bleu.

La nature reprend ses droits quoi qu’il arrive… Pour preuve, les ruines des abris de fortune où vivaient les travailleurs des champs de canne sont étouffées par les ramifications des banians et des ficus étrangleurs… Un spectacle saisissant.
Pour ceux qui ont soif de découvertes et qui veulent en prendre plein leurs yeux, des expéditions sur plusieurs jours avec bivouacs sont organisées. Ambiance feu de camp e dîner sous les étoiles…

Source : Océan Indien Magazine

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