Les réserves marines en Asie et au Pacifique

Depuis plusieurs mois, des pays d’Asie et du Pacifique se sont engagés dans une surenchère marine. C’est à qui aura la plus grand réserve marine, aussi bien pour le record médiatique que la préservation de la biodiversité. 

Le 28 août 2012, les îles Cook ont donné le statut de réserve marine a une étendue grande comme deux fois la France située dans l’océan Pacifique,« la plus grande zone de l’histoire créée par un seul pays pour la conservation et la gestion de l’océan » selon Henry Puna, premier ministre. Une contribution des îles Cook « au bien-être non seulement de nos populations, mais de toute l’humanité ».La réserve d’un million de kilomètres carrés abrite des récifs coraliens, des milliers d’espèces de poissons et une grande diversité de plantes marines.

Une réserve censée conjuguer « les enjeux de la croissance économique comme le tourisme, la pêche et le forage en eau profonde d’un côté, et de l’autre la préservation de la biodiversité des océans ». Ainsi, la pêche sera majoritairement interdite à l’intérieur de la réserve. Seuls quelques petites zones autoriseront la pêche et le tourisme. Des interdictions visant à la reconstitution d’espèces décimées par la pêche commerciale comme le thon.

Les îles Cook n’innovent pas, le 20 juin 2012, les Maldives avaient déjà annoncé à la conférence Rio+20 que le pays serait  »le premier pays à devenir une réserve marine » et « la plus grande du monde » d’ici les cinq prochaines années. Une réserve où la pêche devra selon M. Waheed être « durable et écologique, excluant les techniques détruisant la biosphère ». Une semaine plus tôt, c’est l’Australie qui promettait la création du plus vaste réseau au monde de réserves naturelles marines, en érigeant des limites strictes sur la pêche et l’exploration pétrolière et gazière off-shore sur 3,1 millions de km2. Le nombre de réserves mises en réseau devrait passant ainsi de 27 à 60. Un mouvement qui ne fait que commencer sachant que le premier ministre des îles Cook a appelé les autres nations du Pacifique a suivre son exemple afin de créer une immense zone protégée. Ainsi la Nouvelle Calédonie a annoncé la future création d’un parc marin d’1,4 millions de kilomètres carrées.

« Pour beaucoup de pays, la création de ces réserves marines est un moyen de se réapproprier leurs ressources en poissons face à la pêche industrielle pratiquée par des navires étrangers », explique François Chartier, chargé de campagne océans de Greenpeace. « Les pêcheurs locaux, représentants d’une pêche artisanale, soutiennent d’ailleurs souvent la création de ces réserves. »

Des pays très concernés par le changement climatique et les modifications qu’il pourrait causer : ils seront en première ligne si une montée des océans doit arriver. « La multiplication des réserves témoigne d’une prise de conscience de l’urgence environnementale », estime M. Chartier. Un statut plus contraignant que celui d’une zone protégée, puisqu’il s’accompagne d’interdictions drastiques. « Techniquement, il ne peut y avoir aucune extraction dans une réserve marine, il n’y a pas de pêche industrielle, pas de mine ; c’est l’équivalent sur mer d’un parc national », explique Sue Lieberman, sous-directrice de l’organisation américaine Pew Environment Group.

Un cahier des charges impliquant la mise en oeuvre de nombreux moyens que les États ne peuvent pas toujours assumé. « Selon la région où l’on se trouve, la volonté politique, les ressources en gardes-côtes par exemple, on peut aboutir à des situations très contrastées », observe François Chartier. « Certaines aires marines protégées sont inefficaces en raison d’un cahier des charges totalement vidé de sa substance », explique le chargé de campagne de Greenpeace, qui souligne toutefois que« certaines réserves du Sud sont très bien gérées et d’autres au Nord laissées à l’abandon ».

Parfois, ces réserves naturelles ne servent qu’à détourner l’attention quant aux autres pratiques  marines. En Australie, malgré le réseau annoncé, on constate que l’activité pétrolière off-shore continuera comme le prouve les  permis d’exploration obtenus par Shell et Woodside Petroleum.

Source: Le Monde

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