Le monde de… Philippe Djian

Au cours de sa vie, le romancier a profité de « pouvoir écrire n’importe où » pour voyager. Boston et Florence figurent parmi ses terres d’acceuil. Aujourd’hui, l’auteur de « Oh… » partage sa vie entre Paris et Biarritz.

L’héroïne de « Oh… » vit « en bordure », ni tout à fait en ville, ni tout à fait à la campagne. Avez-vous, vous aussi, du mal à choisir entre les deux ?

Elle travaille à Paris mais rentre chez elle, dans un endroit proche de la nature. Mes personnages ont besoin de solitude, de respiration, et je suis comme eux : ville et campagne sont indispensables à mon équilibre. J’ai choisi de vivre entre Biarritz et Paris. À Biarritz, j’habite à cinquante mètres de l’océan, et j’ai un rituel : avant de me coucher, je sors respirer l’odeur de la nuit et regarder le ciel. À Paris, je suis incapable de méditer. Mais vient le moment où la capitale me manque. Alors je rentre revoir mes mais, prendr ele métro, pousser la porte d’un bar que je ne connais pas.

D’où vous vient cet intérêt pour Biarritz ?

J’ai cherché des racines un peu partout. Je suis né à Paris et j’ai grandi dans l’appartement familial, dans le dixième arrondissement : mon grand-père y vivait, ma mère y était née. L’été, mes copains allaient chez leurs grand-mère, en Bretagne ou ailleurs. Ils rentraient « chez eux ». Pas moi. J’étais Parisien de chez Parisien. Jeune adulte, j’ai trouvé une bergerie dans les Corbières, je l’ai retapée, j’y ai vécu. Puis j’en ai eu marre de voir des coins sauvages être bétonnés et la Méditerrannée ressembler à un lac nauséabond. En 1986, j’ai découvert Biarritz. Je m’y suis installé pendant une quinzaine d’années. Cette ville est mon point d’ancrage. Entre de longs moments à l’étranger, c’est à Biarritz que je reviens.

Pourquoi nourrissez-vous aussi une passion pour Boston ?

Avec ma femme et mes enfants, nous y avons vécu pendant deux ans. Nous louions régulièrement une maison sur l’île de Martha’s Vineyard. Cette terre proche de la capitale du Massachusetts incarne tout ce que j’aime. La nuit, un type m’emmenait pêcher le hommard…

Au bout de l’île vit une tribu indienne. Autrefois, on embarquait toujours un homme de ce clan sur les baleiniers, manière de conjuguer le mauvais oeil. D’ailleurs, dans Moby Dick de Melville, l’Indien qui accompagne le héros vient de là. C’est aussi ici qu’à été tourné le film Les dents de la mer. Ce mélange de Melville et de Spielberg est fou ! À Martha’s Vineyard, j’ai aussi croisé la plasticienne Louise Bourgeois et aperçu plusieurs fois l’écrivain William Styron.

Pour changer radicalment, vous avez ensuite vécu en Italie…

Nous avons quitté les États-Unis pour Florence où nous avons habité pendant un an et demi. Passer quelques jours dans un pays est un chose, y vivre en est une autre. Par exemple, on peut se permettre d’attendre que la galerie des Offices soit déserte et la visiter en rentrant du marché. Et s’autoriser à rester des heures, devant des toiles incroyables.

Quiz Valise

Jamais sans… ma carte de crédit
Hôtel ou camping ? Hôtel. De luxe.
Retour à… Martha’s Vineyard. J’aimerais y être enterré
I speak very well… aucune langue… Même le français, je l’apprends tous les jours.
Mer ou montagne ? Je suis plutôt « Ã©lément liquide »
Un livre de voyage ? De la poésie ou des nouvelles. Un bouquin de Blaise Cendrars par exemple.
Un week-end en amoureux… en Italie, mais plutôt pendant 3 jours et en semaine !

Source : Geo

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