Le Lisbonne des Lisboètes : les habitants dévoilent leur ville

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Musées avec jardin

L’art dans un monde à part

Bas-reliefs égyptiens, paravents chinois ou tableaux de maîtres européens, il y en a pour tous les goûts au musée Gulbenkian, édifice de béton niché dans la végétation. « Ma mère était conservatrice de la section sculpture, confie Catarina Mourao, documentariste. « J’ai passé ma jeunesse à me promener entre les trésors de la collection, et aussi dans le parc, qui repose de la frénésie de la ville, avec ses bosquets et ses étangs de nénuphars. »

Polyptyques, calme et volupté

« Je retourne régulièrement au musée national d’Art ancien », raconte Joao Pimentel, libraire dans le quartier de la Sé. « Ne serait-ce que pour admirer les polyptiques des XVè et XVIè siècles : L’Adoratio de saint Vincent du portuguais Nuno Gonçalves et La Tentation de saint Antoine, du Flamand Jérôme Bisch. » Odete Banquinho, professeur de français, y vient elle aussi souvent, surtout pour lire en toute tranquilité, à la terrasse de la cafétéria, élégant belvédère planté d’arbres et de statues à l’antique.

Boutique nostaligique

Le passé, c’est tendance

L’enseigne le dit bien : « Desde siempre » depuis toujours. La boutique « A vida portuguesa » rassemble les objets qui ont fait la gloire des manufactures du pays et marqué plusieurs générations. « C’est comme un musée qui permet de saisir l’âme lusitanienne » estime Catarina. Les nostalgiques ont l’embarras du choix : des tennis Sanjo, ds sardines Georgette, des savons Mariposa…

Au fil des rues

Chercher le clocher

« Beaucoup de passants ne la remarquent même pas, s’amuse Joao. Alors qu’à l’intérieur, Nossa Senhora da Oliveira est ravissante, avec ses azulejos du XVIIIè siècle et son autel en bois. » Détruite par le grand tremblement de terre de 1755, l’église fut reconstruite en 1762 derrière une façade austère. Seul le petit clocher qui coiffe le toit trahit sa présence.

La beauté se cache dans les détails

À Lisbonne, la moindre venelle ressemble parfois à un musée à ciel ouvert. Odete a un faible pour la rue Sao Paulo : « Personne ne fait attention à ses façades parce qu’elles sont un peu défraichies. Alors qu’elles sont merveilleuses : il y a des détails Arts déco, une horloge en trompe-l’oeil, des azulejos qui vantent les mérites d’un ancien magasin de clous… D’autres encore évoquent un âge d’or révolu : « La place Parque Mayer n’est plus qu’un parking entouré de théâtres désaffectés. Mais une fresque montrant des danseuses de revue rappelle que ce fut un haut lieu du music-hall à partir des années 1920. »

Des murs très politiques

Certaines rues de la ville se parcourent comme des livres d’histoire. « Lorsque j’avais 7 ans, juste après la Révolution des oeillets de 1974, j’ai été frappée par les slogans qui fleurissaient un peu partout, tels que « Fascisme plus jamais », se remémore Catarina. Il y avait notamment beaucoup le long de l’avenue Conselheiro Fernando de Sousa. » Aujourd’hui, sur cette même artère, on trouve, pèle-mêle, des peintures murales en hommage à Brigitte Bardot et la libération sexuelle ou aux Blacks Panthers, et des appels à voter pour les partis de gauche aux élections nationales.

Une table familiale

Comme à la maison

À O Zapata, les Lisboètes se sentent chez eux. « On y déguste la cuisine des « tascas », ces vieux bistrots où l’on mange pour 8 euros », précise Odete. La famille qui possèe les lieux sert des portions généreuses de morue aux pommes allumettes et aux oeufs, ou de fines tranches de poulpe braisé. « L’ambiance est incroyable : les serveurs s’interpellent en sifflant et accueillent du monde jusqu’à deux heures du matin ! »

Un verre en musique

Un train pas comme les autres

Au-dessus des voies de la gare Santa Apolonia, la terrasse d Clube Ferroviario donne l’impression d’avoir pris place à bord d’un train de luxe. « On sirote nos cocktails dans des fauteuils de wagons, avec une vue imprenable sur le Tage », s’émerveille Samuel Bastos, employé à l’hopital central. La programmation est à la hauteur : co,certs et cinéma en plein air…

Le quartier interlope a fait sa mue

Jadis, c’était le repaires des marins en escale. Aujoud’hui, la zone portuaire de Cais do Sodré n’est plus peuplée d’aventuriers ou de filles de joie, mais de noctambules avides d’ailleurs. Avec ses amis, Odete navigue entre les vieux bars à matelots et les clubs plus récents : « Jamaica » pour le reggae, « B.Leza » pour la musique cap-verdienne, et « Viking » pour… les strip-teases. « La rue Nova do Carvalho est le centre névralgique de ce dédale, elle est encore pleine à craquer à 4 heures du matin ! » lance Odete.

Le fado entre en religion

Dans cette chapelle du quartier de l’Alfama, métamorphosée en café-concert, résonnent des airs de fado. À partir de 11 heures du soir, on se presse dans la pièce ornée d’azulejos du XVIIè siècle, et seuls les pls chanceux trouvent à s’attabler. Pour Catarina, « cette scène révèle des talents, comme la chanteuse Carminho, et elle met en lumière le fado d’auteur. »

Échappées belles 

Un panorama ascensionnel

Dans la cité aux sept collines, ls habtants aiment grimper aux « miradouros » (esplanades offrant de beaux points de vue) pour prendre l’air. Mais Jorge Trindade, clarinettiste dans l’Orchestre symphonique portuguais, a son « truc » à lui : « Près du mirador de Nossa Senhora do Monte, je vais prendre un verre sur le toit de l’hôtel qui fait l’angle pour admirer le coucher de soleil sur le Tage. Unique. »

Grands plaisirs d’une petite traversée

« Le soir, j’adore prendre le ferry. Parfois, c’est un vieux rafiot qui fait un boucan d’enfer » explique Samuel. Embarquer pour l’autre rive du Tage est un rituel cher aux Lisboètes. « En dix minutes, on se retrouve au village de Cacilhas, où les restaurants de fruits de mer rivalisent de produits frais », poursuit Samuel. « C’est mon grand-père qui m’y emmenait enfant et m’a fait voir la ville de l’autre côté. »

Source : Geo

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