La Réunion… l’île qui tombe à pics !

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La Réunion… l’île qui tombe à pics !

Déjà reconnus comme exceptionnels par les scientifiques, ses pitons, cirques et remparts le sont aussi par les visiteurs, séduit spar la dimension intense des paysages qu’ils ont façonnés. Sous le tropique du Capricorne, canyoning, trekking et spéléo suscitent plus que jamais l’engouement de la découverte musclée.

« Aller au volcan » ici, signifie le plus souvent se rendre dans sa partie haute qui abrite la féerique Plaines des Sables, offrant aux conducteurs sa majestueuse nudité en contrebas d’un plateau et les redoutables 630 marches du Pas de Bellecombe, le col qui marque la limite de l’accès routier vers l’enclos.

Sa partie basse, contenue entre Sainte-Rose et Saint-Philippe, qui recèle ses propres trésors, occasionne quant à elle un intérêt croissant sous l’impulsion des professionnels initiant des sorties découvertes. Insuffisament su, l’enclos volcanique sur ses pentes, comme sur la zone côtière du Grand Brûlé constitue un formidable terrain d’exploration. Il est totalement libre d’accès, excepté dans sa partie sommitale effondrée depuis l’erruption de 2007 et sur la coulée qui en a résulté, encore très instable.

À vos chaussures et bâtons de marche pour crapahuter dans les gratons !

2002, 2004, 2005, 2007… Des bormes plantées le long de la RN 2 identifient l’année de la coulée partie se perdre en mer. Se détachent de ce paysage sombre fascinant d’âpreté, des petits cônes volcaniques enveloppés d’un halo de brume. Stuper et interrogation. « De la vapeur d’eau résultant de l’infiltration des pluies matinales et qui s’évapore au contact de la lave encore brûlant » me renseigne Juanito Boyer, un enfant du pays, à la fois guide, accompagnateur en montagne et spéléogue volcanique. Chose inouïe alors que la coulée date de 5 ans !

La coulée 2001 – 2004 concentre quant à elle toute l’activité découverte de la spéléo et tunnels de lave. Les vans ayant acheminé tôt les visiteurs sur le site se serrent déjà sur le petit parking prévu à cet effet. Au coeur de ces laves récentes, on se passionne pour les banquettes et les colonnes, des sculptures naturelles façonnées par la variation de débit de lave lorsqu’elle se ruait vers la mer et les stalactites qui magnifient des parois peu altérés à dominanates rouges et chocolat. Sur un maillage de 5 km de galeries explorées, il faut compter trois heures avec Ricaric, spécialiste de cette forme de découverte, pour une traversée d’initiation. Sur 600 mètres, le cheminement s’effectue sans hâte pour que le souffle se pose, que les perceptions s’aiguisent et que l’appréhension d’un environnement étranger s’apprivoise. Pou le rendre plus accueillant, moins oppressant, Ricaric a privilégié des lampes frontales à acétylène, dont la flamme jaune réchauffe l’atmosphère tout en donnant l’impression d’évoluer dans une bulle de lumière. La traversée intégrale de 1,2 bouclée quant à elle en 4h30 vise un public plus averti. Expérimenter les étroitures n’est pas une obligation, sauf si ce dernier en fait expressément le voeu. Pantalons et gants se révèlent alors indispensables pour avancer en canard sur les portions où la vôute est la plus basse. Si s’introduire dans le ventre de la terre constitue une expérience excitante car inédite, ces formations géologiques intéressent aussi les scientifiques, susceptibles par ce biais de percer les secrets de l’intimité du volcan.

La caverne de la Cathédrale et ses 3 km rallie les suffrages des visiteurs, mais il serait juste de mentionner l’existence de nombreuses autres, comme la caverne Gendarme, ainsi baptisée à cause de sa dominante rouge ou la caverne Zélidor de Cap Jaune à Vincendo, toutes deux situées hors de l’enclos. « Une légendre court » lance Juanito Boyer… « Un tunnel de lave partirait de la Pointe de la Table, à Saint-Philippe pour déboucher à la Plaine des Cafres au coeur de l’île. » Après tout, accorder du crédit à ceci ne serait pas fantaisiste, le sol réunionnais étant formé de strates successives de coulées. Si les tunnels de lave sont légion entre Sainte-Rose et Saint-Philippe, ils sont aussi explorés ailleurs, dan sl’Ouest notamment qui compte celle de la Grande Ravine accessible par canyon. L’activité qui a explosé en 2005 n’en est qu’à ses balbutiements.
L’autre façon de découvrir l’enclos du Grand Brûlé consiste à emprunter les sentiers des pêcheurs qui convergent vers la mer depuis la route. Sur la coulée 2002 où le lichen et les bois de chapelet marquent le retour de la nature, l’itinéraire est tracé sur de la lave extrêmement coupante, dans un chenal creusé par la coulée. On débouche ainsi sur des petites plages obscures, dont la couleur au soleil oscille entre le mordoré et le gris tant leur sable est chargé en olivine. Cette partie du littoral encore peu visitée et pourtant riche de coins connus essentiellement des guides, des spéléos et des pêcheurs abritent de petites merveilles naturelles qui ponctuent le paysage. Les plages disparaissant pendant l’hiver austral pour reprendre leur place l’été, les arches volcaniques battues par les souffleurs se succèdent aux quais, les noms donnés aux pointes des coulées venues mourir en mer. Juanito Boyer est formel, c’est posté depuis le Quai de l’Eglise, situé à proximité du rempart de Bois Blanc, que le panorama sur le massif du volcan est le plus extraordianire, car embrassé dans sa globalité par jour de beau temps. À ses côtés, la crête du Piton de la Fournaise sort en effet doucement des griffes de brume pour se détacher sur le colbat du ciel.

Col du Taïbit (2142 m), Gros Morne (3013 m), Grand Bénare (2896 m), Cimendef (2228 m), Piton des Neiges, point culminant de l’océan indien avec ses 3070 m fait partie des sommets qui cisèlent l’âme des paysages réunionnais. Certaines randonnées sont plus ardues que d’autres, avec des passages mémorables, car nécessitant l’encordage ou une grimpette à l’échelle, plantée sur les parois, les abysses au pied des falaises du Grand Bénare garantissent sensations fortes et frissons. On y accède en cheminant par un sentier d’une étroitesse, cerné par un vide plongeant de 500 m de chaque côté. D’un côté Mafate, et Cilaos de l’autre, la crête marque la séparation des deux cirques. La Réunion est en effet un véritable réceptacle de panoramas vertigineux où des remparts de plusieurs centaines de mètres de hauteur sont les lignes directrices de ses paysages. Reconnaissant que les pitons, cirques et remparts de l’île « créent un paysage spectaculaire et contribuent significativement à la conservation de sa biodiversité terrestre », l’UNESCO a inscrit son coeur montagneux sur la liste du patrimoine mondial depuis août 2010. Le périmètre retenu correspond à celui du Parc national de l’île crée en 2007, et qui couvre environ 40% de sa surface. Plus d’un tiers de celle-ci a conservé ses caractéristiques originelles et abrite 230 espèces végétales uniques au monde. Randonner à travers les forêts primaires constitue une expérience particulièrement émouvante, procurant un sentiment de communion avec la nature à son apogée.

Source : Océan Indien Magazine

 

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