El Hierro : l’île 100% durable

C’est la plus petite et plus isolée de l’archipel espagnol des Canaries. Elle va pourtant devenir le premier territoire mondial autosuffisant en énergie renouvelable; Le secret des insulaires? Un sens inné de la communauté. 

Pendant des siècles, le garoé fut le symbole d’El Hierro. Cet « arbre fontaine » sauva plusieurs fois de la soif les habitants de l’île grâce à ses feuilles capables de retenir les gouttes de brouillard. Considéré comme sacré sur cette terre aride, le garoé définitivement en 1610 après le passage d’un ouragan. Depuis, les Herrenos ont choisi un autre végétal hors du commun pour emblème : la sabine, elle, n’a jamais cédé. C’est d’ailleurs tout le territoire qu is’est forgé beauté et caractère dans l’adversité. Sa nature volcanique a dessiné au fil des siècles une large palette de paysages. AU pied des immenses falaises noires de la face ouest, dans la touffeur tropicale de la bande cotière, mangues, ananas et bananes poussent à foison. Une fois passé le paysage lunaire de moyenne altitude et ses coulées de lave ocre et carmin, la route grimpe dans la brume jusqu’à des sommets de    1 500 mètres recouverts de chênes, de hêtres et de laurisilva, relique végétale de l’ère tertiaire. La redescente, au sud, vers la Restinga, à travers pins et garrigue, permet de retrouver un climat plus doux.

Les 11 000 habitants de cette ile de 278 kilomètres carrés, la plus petite et la plus méridoniale de l’archipel espagnol des Canaries, ont l’habitude de composer avec les éléments : le feu, l’eau douce, si rare, et le vent, omniprésent. Ils en ont le moteur de leur société. Et ce n’est sans doute pas un hasard si a germé ici le plan « El Hierro 100% durable », un des projets les plus ambitieux jamais imaginés en la matière. Le 5 novembre 2012, le gouvernement espagnol et la fondation Zer organisent sur l’île une conférence intitulée « El Hierro comme référence internationale du développement durable ». Et déjà, Tenerife, la plus grande des Canaries, mais aussi Ikaria, une île grecque de la mer Egée, les Fidji ou encore l’archipel américain d’Hawaii planchent sur des projets inspirés de l’expérience. L’idée : s’inventer un avenir vert en repensant tous les secteurs d’activités, comme l’énergie (renouvelable), l’agriculture (biologique), les transports (électriques) et le tourisme (écologique).

Le fleuron du projet de la petite île canarienne s’appelle Gorona del Viento, une centrale hydroéolienne unique au monde. Conçue pour faire d’El Hierro le premier territoire autosuffisant en énergie renouvelable, elle doit être mise en service début 2013. Cinq éoliennes surplombent aujourd’hui Valverde, la capitale de l’île. Avec leur mât de soixante-quatre mètres et leurs pales d’une envergure de trente-cinq mètres, elles forment la colonne vertébrale du dispositif.

Ce projet fou est devenue une réalité grâce à la persévérance d’un ingénieur visionnaire, Tomas Padron. Élu en 1979 président du Cabildo et réelu jusqu’à sa retraite en 2011, l’homme, aujourd’hui septuagénaire, voulait au début surmonter les pénuries d’eau douce en équipant l’île d’usines de dessalement d’eau de mer. Or, ces installations, particulièrement énergivores, risquaient d’être un gouffre financier pour un si petit territoire. El Hierro important chaque année 6 000 tonnes de pétrole pour alimenter sa centrale au fuel. Celle-ci garantit, pour le moment, la consommation électrique annuelle. Mais elle coûte cher et relâche chaque année 18 000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Padron ne voyait qu’une solution : produire l’énergie sur place, avec des ressources propres, dans tous les sens du terme. Et s’il en est une dont El Hierro ne manque pas, c’es bien le vent. Restait à trouver des soutiens. Il a donc fallu beaucoup de patience pour donner corps à cette utopie.

En 2009, après 30 ans d’efforts et 65 millions d’euros de budget, le projet peut enfin voir le jour.  Pour les Herrenos, c’est une nouvelle perspective de vie, de nouvelles perspectives pour les futures générations.

À La Frontera, Pedro Ortiz Casanas et Acelia, son épouse, binent leur petite plantation de légumes biologiques sous la grande serre que le conseil insulaire a installée. En 2010, les autorités ont racheté vingt hectares, répartis en divers endroits, qu’elles ont mis à disposition des bonnes volontés désireuses de produire bio. Contre un faible loyer, les cultivateurs volontaires reçoivent des conseils techniques d’experts en culture biologique.  Pedro et Acelia, retraités, discutent donc avec Mariela Pérez Barrera, l’ingénieur agronome. Mais, comme souvent, ce sont les ainés qui dispensent leur savoir à la benjamine. « L’agriculture écologique, tout le monde la pratique déjà sur son petit lopin. »Â explique Pedro. Mariela reste prudente sur l’objectif du 100% bio. Atteignable ? « Difficile à dire, confie l’ingénieur. En tout cas, nous avons de plus en plus de demandes pour l’allocation de terres. Je ne sais pas si c’est à cause de la crise, mais tout le monde veut cultiver bio ! »

La crise, justement, peut être une chance pour le développement de l’agriculture biologique à El Hierro. Mais elle a aussi stoppé net deux autres projets phares du plan : l’ouverture d’un centre de tri des déchets et de rempalcement des 6 000 voitures par un parc d’automobiles électriques. Pour un coût de 65 millions d’euros supplémentaires.

Sur la route de Valverde à l’aéroport, trone une tête monumentale, sculptée par Rubén Armiche. L’artiste est un enfant de la Grande Canari, souvent exposé dans les galeries madrilènes. Il a choisi de vivre à El Hierro pour, dit-il, a « tranquilité et le sens de la communauté » . En 2009, il a lancé le projet Reutilizart appelant des sculpteurs à créer une ouevre à partir de déchets. Armiche a imaginé cette structure de métal couverte de sacs de pommes de terre imprégnés de ciment et sous laquelle reposent des carcasses de voitures et des milliers de réfrigérateurs usagés. Les écoliers ont orné le visage de mosaïques de bouchons en plastique. « C’est ma façon de convoquer la mémoire des Herrenos, explique l’artiste. Dans le temps, un enfant qui cassait une bouteille en verre se faisait engueuler car c’était un récipient qu’on ne pouvait plus ré utiliser. »Â Aujourd’hui, es habitants n’ont pas encore concrétisé toutes leurs ambitions mais, de leurs vieilles habitudes, ils ont fait un art de vivre.

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Source : Geo

 

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